vendredi 24 septembre 2010

Le collectif lance la 17ème édition

L'équipe du chiffon rouge a examiné le projet de programmation de la 17ème édition de la fête du chiffon rouge. Le rendez-vous du 1er mai 2011 doit rester un moment festif et revendicatif. Il est évident que le contexte social sera encore à l'heure de la lutte, ce qui n'empêchera pas de fêter, comme il se doit, cette journée internationale du monde du travail.
Une quarantaine de concerts et d'animations se dérouleront sur les quatre espaces de la fête. Il y en aura pour tous les goûts et toutes les couleurs ! Parmi les nouveautés, on note le concert techno en soirée, l'organisation d'un grand tournoi inter-entreprise de baby-foot géant, le monde des engins merveilleux, la mise à disposition de plusieurs endroits de convivialité, deux spectacles de danses et un plateau musical très varié.
Voici une petite idée du projet du 1er mai 2011.


Les concerts et les spectacles
:
  • Cluster's : Pop-rock
  • Adok : Folk-jazz
  • Prin 7 : Rock-pop
  • Pôle position : Rock- rétro, disco
  • Groupe Blackout : Rock
  • Vodoo clan : Hip-hop
  • Angels : Pop-rock acoustique
  • The Swamp : Rock
  • Abstract Sound Project : Electronique
  • Les Troubadours bavarois : Blesch musique
  • Les Desjantés : Percussions
  • Cheikh Yerbouti : Worl oriental - Jazz
  • Elaia : Danses israéliennes
  • Tambel danse : Folklore traditionnel
  • Di Blasi : Guitare
  • Fafa et son orgue : Orgue
  • La Fanfare des couche-tard : Batterie - Percussions
  • Les Fous du village : Percussions africaines
  • Legato : Musique tzigane
  • Kris Florian : Opérette
  • Les Moustiques en concert : Jazz - Blues
  • Martial Ravenel : Imitateur
Les animations :
  • Le muguet du 1er Mai : Vente
  • Le baby-foot géant : Tournoi inter-entreprise
  • Permis de jouer : Jeux de société
  • Le Nouvel espace ludique : Jeux anciens, étrangers
  • L'Ecole de la paix : Jeux collectifs
  • Maquillage enfants Vodoo clan : Maquillage merveilleux
  • Maquillage cinéma Artistes conseils : Maquillage fantastique
  • Cie Roue libre 1er : Mini-cirque
  • Cie Roue libre 2e : Manège, bastringue
  • Nouvel espace ludique : Vélocipèdes
  • Le Carrousel enchanté : Manège
  • Le château gonflable
  • Le tir à l'arc
  • Dom' et son triporscène : Clown
  • Le Bouffon : Clown
  • Ciboulette : Clown féminin
  • Mini-quads : circuit
  • Segway : piste circulation
  • Le manège sans fil : Engins merveilleux
  • La barbe à papa et son clown : Barbe à papa
Les associations :
  • Secours populaire : Humanitaire
  • Attac Moselle : Education populaire
  • La Ligue des Droits de l'Homme : Défense des droits de l'Homme
  • Le Collectif contre la misère : Défense des chômeurs
  • Les Amis de la terre : Ecologie
  • Couleurs gaies : Lutte contre l'homophobie
  • Touristra : Tourisme social
  • Solan : Loisirs
  • Les Saules : Sculpture
  • A.O.C. : Militant catholique
  • R.S.F. : Défense des sans papiers
  • J.O.C. : Militant jeune catholique
  • Atoll : Loisirs, vacances
  • Paroles de lorrains : Editeur
  • Un puits pour Dora : Humanitaire
  • Mr Lemale : Peinture au fusain
  • Artisans du monde : Commerce équitable
  • Le Petit joueur : Jeux, loisirs
  • Lire c'est partir : Livres enfants
  • Dianolor : Défense des diabétiques
  • A.F.P.S. : Lutte droits des palestiniens
  • Ritimo : Développement et solidarité internationale
Les expositions :
  • Les tsiganes
  • Histoire de la CGT
  • Le Front populaire
  • Mai 1968
  • Les expulsés de 1940
  • Les maisons de mineurs
  • Visages de Roumanie
  • La fée électricité

jeudi 16 septembre 2010

C'est parti pour un grand 1er mai 2011

Tout notre été a été consacré à la recherche et aux rencontres pour construire notre grand rendez-vous du 1er mai 2011. La fête du chiffon rouge vous réserve des surprises de taille et de nombreuses nouveautés. D'ici quelques jours, nous vous révèlerons l'avant-projet de tout ce qui vous attend. Les luttes actuelles autour de la retraite à 60 ans annoncent bien d'autres luttes pour empêcher la poursuite d'une régression sociale historique. Le 1er mai 2011 sera un évènement social, revendicatif, festif et artistique d'un grand cru.

Nous vous présenterons les artistes, les concerts, les animations, les expositions, les associations au fil des semaines.

Le bilan du 1er mai 2010

La fête a donné sa pleine puissance et toute sa générosité. Les témoignages qui nous parviennent encore aujourd'hui nous confortent dans notre volonté de poursuivre dans la même direction.
Malgré les intempéries, le 1er mai 2010 a été fêté comme il se doit !

Aux amis du chiffon rouge

La fête entrera dans sa 17ème édition en 2011. Une fête tenue à bout de bras pendant 17 ans par une poignée de militants CGT décidés à se battre contre l'adversité, d'où qu'elle vienne. Ce collectif demande à être renforcé et renouvelé. Il faut des relais au chiffon rouge pour faire connaître la fête et trouver des nouveaux moyens pour son financement et son organisation.

Faites-vous connaître.


mercredi 15 septembre 2010

Nous avons répondu présents

La ligue des Droits de l'Homme, association présente à la fête du chiffon rouge, a lancé un appel au mois de septembre pour manifester contre les atteintes aux valeurs de la République. Le traitement honteux à l'égard des Roms, des sans-papiers et des immigrés, décidé par le gouvernement, ne peut laisser indifférent tous ceux qui ont à coeur les droits de l'homme. Nous y étions.
La déclaration de 1789 et le préambule de la constitution de 1946 ont été rappelés lors du rassemblement à Metz, place de la République.
Il est bon de les relire.


Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
de 1789

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 est un texte de droit positif, le préambule de la Constitution actuelle y faisant référence expressément. Près de deux siècles après, la proclamation des droits et principes de la Déclaration commandent l'interprétation du droit en matière de libertés publiques.
La Déclaration va inspirer toute la tradition constitutionnelle française.

Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer dans une Déclaration solennelle les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme; afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle dans cesse leurs droits et leurs devoirs; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et du bonheur de tous.

En conséquence, l'Assemblée nationale reconnait et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'homme et du citoyen :


Article premier. - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.



Art. 2. - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et le résistance à l'oppression.



Art. 3. - Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.



Art. 4. - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assument aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.


Art. 5. - La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.



Art. 6. - La loi est l'expression de la volonté générale, tous les citoyens ont droit de concourir, personnellement ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux ,sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leur capacité, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.


Art. 7. - Nul homme ne peut être accusé, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires doivent être punis, mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi doit obéir à l'instant; il se rend coupable par la résistance.


Art. 8. - La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.



Art. 9. - Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.


Art. 10. - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.



Art. 11. - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus dans les cas déterminés par la loi.


Art. 12. - La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.



Art. 13. - Pour l'entretien de la force publique et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés.



Art. 14. - Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.



Art. 15. - La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.



Art. 16. - Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution.



Art. 17. - La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.


Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946
  1. Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l'homme et du citoyen par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
  2. Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes économiques et sociaux ci-après :
  3. La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme.
  4. Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République.
  5. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.
  6. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.
  7. Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.
  8. Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises.
  9. Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
  10. La Nation assure à l'individu et à la famille des conditions nécessaires à leur développement.
  11. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.
  12. La Nation proclame la solidarité et l'égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales.
  13. La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir pour l'Etat.
  14. La République française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit public international. Elle n'entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple.
  15. Sous réserve de réciprocité, la France consent aux limitations de souveraineté nécessaires à l'organisation et à la défense de la paix.
  16. La France forme avec les peuples d'outre-mer une Union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs, sans distinction de race ni de religion.
  17. L'Union française est composée de nations et de peuples qui mettent en commun ou coordonnent leurs ressources et leurs efforts pour développer leurs civilisations respectives, accroître leur bien-être et assurer leur sécurité.
  18. Fidèle à sa mission traditionnelle, le France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de s'administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires; écartant tout système de colonisation fondé sur l'arbitraire, elle garantit à tous l'égal accès aux fonctions publiques et l'exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés ci-dessus.

mardi 14 septembre 2010

A voir : Les Vivant et les Morts

"On va tout faire péter." Combien de fois a-t-on entendu ce cri de désespoir ? Du drame que vivent chaque jour des dizaines de milliers de salariés licenciés, Gérard Mordillat fait un évènement : la grande fresque sociale, "les Vivants et les Morts", adaptée de son roman éponyme, sera diffusée dur France 2 début octobre.

Comment cette fresque sociale; "les Vivants et les Morts, est-elle parvenue à s'imposer dans les programmes de France télévisions ?
Au départ,
je n'avais pas la moindre idée d'en faire un film. Au contraire, j'ai écrit "les Vivants et les Morts" en étant convaincu qu'un film sur ce terrain social serait aujourd'hui impossible en France. Le roman était mon seul espace de liberté. Il suffit de regarder un an de production visuelle et cinématographique pour voir que le monde du travail est quasi absent des écrans. A la lecture du livre, Jérôme Minet, producteur, m'a proposé d'en faire un film. Pendant deux ans, il n'a essuyé que des refus. Un changement à France Télévisions, l'arrivée d'Eric Stemmelen et Jean Bigot, ont rendu le projet possible.
Comment adapte-t-on son propre roman pour la télévision? Quelles étaient vos exigences ?
J'avais le choix entre l'option cinématographique et télévisuelle. Sans hésiter, j'ai choisi la dernière, convaincu que l'essentiel était d'atteindre le public le plus large possible. Ensuite j'ai dû jeter mon livre par la fenêtre et le réinventer par d'autres voies. J'ai réécrit les dialogues. J'ai posé comme condition une liberté totale concernant le choix des acteurs. Je les ai tous reçus personnellement. J'attendais des acteurs qu'ils adhèrent à ce projet. Je leur ai expliqué que c'était une chance exceptionnelle de tourner cette série dans la situation économique, sociale et politique que nous vivions en France, et que cela nous donnait une responsabilité au-delà de l'accomplissement de notre travail. Ils l'ont entendu et se sont tous incroyablement investis.
"les Vivant et les Morts" sera la première fiction télévisuelle française à traiter du monde du travail et des conflits sociaux. Pourquoi, selon vous, une telle frilosité ?
C'est effectivement une première. En France, le monde du travail est exclu du champ artiste acceptable, sauf si on le regarde avec les yeux du XIXe siècle. Le contemporain n'existe pas. Comment se fait-il que si peu d'artistes s'y intéressent, même si c'est en train de changer ? Il suffit de descendre dans la rue pour comprendre que c'est une matière romanesque absolument phénoménale, quand justement l'actualité écrit chaque jour le livre sur lequel on travaille. Le social fait peur ou désintéresse. Ecrire sur le travail, c'est se mettre en marge de la littérature. Et puis la télévision française demeure extrêmement timide sur le plan de la fiction. Finalement, le national-sarkozysme aura peut-être désinhibé les artistes de la même manière que les actions de Margareth Thatcher ont été un stimulant pour la création artistique au Royaume-Uni.
Votre roman a été publié en 2005, entre-temps les conflits sociaux vous ont-ils incité a des changements dans le scénario ?
Non, et c'est plutôt un sujet de tristesse pour moi. La nature des conflits n'a pas bougé d'un pouce. D'où l'importance pour moi que les acteurs soient jeunes. Car, ce qui est dramatique dans ce récit, c'est que ces licenciements touchent des jeunes entre 20 et 30 ans, qui ont de jeunes enfants, qui sont au début de leur vie, et, d'un seul coup, s'ouvre devant aux un gouffre absolu. C'est une dimension importante pour comprendre les ravages du néolibéralisme sur le quotidien des Français.

Pourquoi avez-vous choisi de tourner à Hénin-Beaumont ?
Le symbole était intéressant. C'est une ville du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, ravagée par le chômage, et Marine LePen a décidé d'en faire son fief. Nous y avons reconstitué l'usine de Neuville-en-Ferrain et avons engagé dans l'équipe d'anciens ouvriers qui ont travaillé pendant deux ou trois mois sur le tournage avec nous.
"Les Vivants et les Morts" proposent une lecture complexe des luttes sociales. Comment analysez-vous aujourd'hui le rapport de forces politique à ce sujet ?
La radicalisation des luttes est pour moi une nécessité. Je trouve personnellement dommageable que les grandes centrales syndicales aient déserté le terrain politique. Je ne vois pas comment on peut mener une action syndicale si on ne propose pas, dans le même temps, une autre vision du monde, si on ne démontre pas que le capitalisme n'est pas le stade ultime de l'organisation humaine. Face à cette violence patronale et financière, le monde salarié dans son ensemble ne peut continuer à se conduire si sagement. Jusqu'à quand va durer cette exploitation ? Tout peur basculer, aussi bien vers une insurrection de type révolutionnaire qu'une révolte de type fasciste. Le seul contre-exemple admirable, qui peut redonner espoir, c'est ce qu'a réalisé la CGT avec les travailleurs sans papiers. C'est d'abord une grande victoire sémantique. Même dans les journaux télévisés, on a commencé à parler de "travailleurs sans papiers".
Appréhendez-vous les débats, voire les récupérations politiques que cette diffusion peut susciter ?
J'attends le débat et ils trouveront à qui parler ! J'espère simplement qu'un jour on lise "les Vivants et les Morts", "Notre part des ténèbres" et "Rouge dans la brume" (prochain livre qui sortira en janvier 2011), comme le témoignage le plus juste de ce qui était la situation sociale et économique de la France entre 2005 et 2011. A ce titre, le rôle du roman est inestimable. L'ampleur du texte que l'on peut produire permet d'éviter les raccourcis et montrer la complexité des situations des individus. J'espère que le public aimera mes héroïnes. Car je suis persuadé que si la révolte doit se lever, elle viendra des femmes. Ce sont elles qui ont tenu tête à Margareth Thatcher, grâce à elles que les mineurs n'ont jamais renoncé à défendre leur dignité avec un courage extraordinaire. Les personnages féminins de mes trois livres sont les héritières de ce combat. J'avais suggéré dans une émission de radio, et je réitère aujourd'hui, à Mme Lagarde, qui trouve que tout va pour le mieux, de vivre à Grigny avec deux enfants à charge, un salaire de 800 euros, caissière à temps partiel à Fontenay-sous-Bois. Qu'elle le fasse deux jours pour voir comment le monde va! Je pense qu'il y aurait quelque chose de très "pédagogique" pour elle, vu que c'est un mot à la mode au gouvernement...

A lire : PALESTINE une nation occupée


Joe Sacco, bédéreporter

"Je pense que l'on peut faire du journalisme à travers la BD" explique Joe Sacco : "Après des études de journalisme, je n'ai trouvé aucun travail intéressant. comme je dessinais depuis tout petit, j'ai donc décidé de continuer. En même temps, ce qui se passait dans le monde me passionnait toujours. Un jour, je suis parti au Proche-Orient, avec l'intention de réaliser une sorte de "travelogue", une chronique de mes expériences en dessin. Pour ce premier grand reportage en Palestine, avec la naïveté des étudiants, je me suis baladé en taxi un peu au hasard en Cisjordanie et à Gaza, pour interroger les gens et récolter des informations. Quand j'ai réuni le tout, ça a ressemblé à un mélange de journalisme et de BD, sans que j'aie vraiment planifié les choses. Au fil du temps, ma conscience s'est affirmée et ma méthode affinée. En tout cas, comparée à d'autres médias, la bande dessinée a cette faculté de placer le lecteur au coeur de ce qui se passe, de le confronter plus directement à la réalité. Plus que la photo, elle peut créer une atmosphère en fonctionnant sur la répétition d'images. A la différence des correspondants de guerre, je n'ai pas de deadline. ce qui m'anime, je crois, c'est plutôt l'empathie avec ceux, agressés ou déplacés, dont la voix ne compte pas. Cela dit, je me considère d'abord comme un journaliste, non comme un militant. Aujourd'hui, je travaille à un livre sur les immigrants africains qui tentent d'entrer en Europe via Malte".